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Quelle vision pour le secteur de l’énergie en Tunisie ? (21/11/2018)

Le paysage énergétique Tunisien est marqué par une augmentation ininterrompue de la demande d’énergie et une baisse des ressources nationales. Il s’ensuit un déficit énergétique structurel de plus de 45% actuellement et qui va en s’accentuant pour atteindre probablement 80% en 2030, si la situation actuelle se prolonge.

En même temps, l’approvisionnement énergétique du pays est fortement dominé par les hydrocarbures qui représentent 99% de la consommation nationale. Plus particulièrement, le secteur électrique dépend quasi-totalement du gaz naturel importé à plus de 50% de l’Algérie, avec une augmentation certaine de cette part dans les années future, compte tenue de l’épuisement des ressources gazières locales. Cette situation implique pour la Tunisie des défis et enjeux d’ordre stratégique et socio-économique de taille.

 

Sur le plan stratégique, l’indépendance énergétique et un facteur clé de souveraineté et de sécurité nationale globale à long terme. En effet, il serait indispensable de garantir la continuité et la durabilité de l’approvisionnement énergétique des activités économiques et sociales du pays, car le coût de non-approvisionnement serait trop élevé.

Par ailleurs, la forte dépendance du secteur électrique au gaz naturel pose inévitablement un problème de durabilité (viabilité) de ce secteur à caractère stratégique.

La balance énergétique a atteint 2,7 milliards de dinars en 2016

Sur le plan économique, la forte dépendance à l’égard des importations d’énergie conventionnelle augmente la vulnérabilité de l’économie tunisienne à la volatilité des prix internationaux de l’énergie. Ainsi, le déficit de la balance énergétique a atteint 2,7 milliards de dinars en 2016 soit 21,4% du déficit de la balance commerciale.

En outre, les subventions énergétiques représentent encore un lourd fardeau pour les finances publiques ce qui affaiblit les capacités de l’Etat à soutenir la croissance économique. Ainsi, les subventions directes à l’énergie avaient culminé à 3,7 milliards de dinars en 2013, soit 10% du budget de l’État. En 2014, ce système de subvention représentait une dépense équivalant à 7% du PIB du pays, ce qui représente l’une des dépenses les plus élevées pour les finances publiques tunisienne.

Le poids des subventions pourrait augmenter à nouveau au cours des prochaines années

Toutefois, avec la chute des prix de l’énergie, en particulier du pétrole, en 2015, le poids des subventions dans les finances publiques a fortement diminué pour atteindre 0,5% du PIB. En raison de la forte influence du marché international de l’énergie, et de la forte volatilité des prix, le poids des subventions pourrait augmenter à nouveau au cours des prochaines années représentant un risque important pour la performance économique du pays et ses finances publiques.

Par ailleurs, par son poids, la subvention aux énergies conventionnelles exerce un effet d’éviction sur les investissements publics et par conséquent sur la création d’emplois et les services sociaux.

Sur le plan social, la question de la suppression des systèmes de subvention à l’énergie se heurte à de multiples préoccupations, en lien avec la fragilité de certains sous-secteurs économiques, d’une part, et aux équilibres sociaux, d’autre part. Une hausse non réfléchie des prix internes de l’énergie peu mener à une augmentation de la pauvreté énergétique d’une large catégorie de la population, déjà vulnérabilisée par l’inflation croissante des biens et services de premières nécessité.

A ces défis, il faut ajouter le resserrement des contraintes climatiques, qui obligeront à s’écarter des voies traditionnelles de consommation d’énergie et de développement, et à se positionner très rapidement sur une trajectoire de développement bas-carbone.

Pour une meilleure gouvernance du secteur

Le secteur de l’énergie a de ce fait un caractère hautement stratégique avec son rôle prépondérant dans le développement durable du pays. Le rôle des autorités publiques est de mettre en place une politique de gestion rationnelle de ce secteur qui vise quatre objectifs majeurs :

  • Garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays à court, moyen et long terme, car elle constitue un facteur clé de la sécurité nationale globale du pays.
  • Préserver la compétitivité de l’économie nationale par l’optimisation du coût de mise à disposition de l’énergie pour les activités économiques et par la maîtrise du déficit public lié au subventionnement de l’énergie conventionnelle.
  • Garantir l’accès à l’énergie à toute la population tunisienne et protéger les couches sociales les plus démunies contre la précarité énergétique.
  • Préserver l’environnement local et global en optant, dans la mesure du possible, pour des solutions énergétiques sobres et propres.

Dans cette optique, l’Etat devrait opérer les choix politiques nécessaires et à mettre en place toutes les mesures requises pour atteindre ces objectifs. Ces choix concernent quatre domaines importants, à savoir, la gestion optimale de la demande d’énergie, la sécurité de l’offre énergétique, le financement et la bonne gouvernance du secteur de l’énergie.

Réduire la consommation d’énergie primaire de 30% en 2030

Au niveau de la demande énergétique, la Tunisie a été pionnière dans l’utilisation rationnelle de l’énergie dans la région, en mettant en place dès le début des années 80 une politique volontariste dans ce domaine. Les efforts de maîtrise de la demande d’énergie se sont traduits par un découplage entre consommation d’énergie et croissance économique, se traduisant par une baisse de l’intensité d’énergie primaire d’environ 2% par an durant la dernière décennie.

L’utilisation rationnelle de l’énergie doit être reconnue aujourd’hui comme domaine d’utilité publique. L’Etat devrait s’engager à ce titre à créer l’environnement institutionnel, réglementaire et économique favorable à la promotion de l’efficacité énergétique, au niveau des usages finaux et de l’offre, ainsi que leur diffusion à grande échelle. La stratégie adoptée par le Gouvernement depuis 2016 est de réduire la consommation d’énergie primaire de 30% en 2030, par rapport au scénario tendanciel de la demande.

Sur le plan social, l’Etat devrait aider les classes sociales les plus pauvres à maîtriser leur consommation d’énergie, en vue de préserver leur capacité d’accès au service énergétique, à travers la mise en œuvre de mécanismes de financement spécifiques aux caractéristiques de ces catégories.

Le Plan Solaire Tunisien

Au niveau de l’offre énergétique, la Tunisie a entrepris par le passé un grand effort de prospection de son potentiel de réserves d’hydrocarbures couvrant plus de 70% de la superficie minière couverte.

Elle a mis en place un code spécifique aux hydrocarbures pour drainer les investissements étrangers vers ce secteur et encourager les entreprises nationales et internationales à prospecter le sous-sol national en vue de découvrir de nouveaux gisements pétroliers et gaziers. De l’avis de tous les experts, il est fort probable qu’il ne serait pas possible de faire de découvertes importantes, changeant le paysage énergétique du pays.

Dans cette optique, c’est sur les énergies renouvelables qu’il faudra focaliser les efforts. Les autorités publiques ont déjà opté pour une stratégie de diversification du mix électrique, notamment par la valorisation du potentiel important d’énergies solaires et éoliennes du pays.

L’objectif fixé est d’atteindre une part des énergies renouvelables dans la production d’électricité d’au moins 30% en 2030. Pour cela, l’Etat a adopté en 2016, le Plan Solaire Tunisien, comme étant le programme opérationnel de mise en œuvre de cette stratégie avec l’objectif d’atteindre une capacité installée d’énergies renouvelable de 3800 MW en 2030.

Nécessiter de mettre en œuvre des investissements lourds

A cet effet, l’Etat devrait prendre les mesures techniques, économiques et réglementaires nécessaires pour faciliter la réalisation de cet objectif de manière durable et avec le moindre coût pour les consommateurs finaux et la collectivité.

La durabilité du processus de développement des énergies renouvelables implique aussi l’adoption d’une approche qui maximise les retombés socio-économiques à travers l’intégration industrielle et le transfert technologique dans ce domaine. Les énergies renouvelables et plus largement les technologies de l’environnement sont une nouvelle source importante de croissance économique et de création d’emplois.

Le développement du secteur de l’énergie et plus particulièrement le secteur électrique nécessitera la mise en œuvre d’investissements lourds qui sont de plus en plus insupportables pour les finances publiques qui doivent être orientées en priorité vers les secteurs sociaux (l’éducation, la santé, le transport, etc.) et aux infrastructures de base (les routes, les zones industrielles, l’aménagement agricole, etc.).

Dans ce contexte, la mobilisation des investissements privés, dans le cadre de partenariat public-privé, pour le financement du secteur de l’énergie peut constituer un levier important de développement du secteur.

Des réformes structurelles doivent être engagées

Ainsi, l’Etat doit s’engager à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement favorable et faciliter la participation du secteur privé dans le financement du secteur de l’énergie, tout en préservant l’intérêt des consommateurs et de la collectivité. La loi de 2015 sur les énergies renouvelables et les textes de son application constituent un bon point de départ, mais qui restent à améliorer pour fluidifier les procédures, réduire les risques d’investissement et attirer les investisseurs privés.

L’atteinte des objectifs de la nouvelle politique énergétique nécessite un nouveau mode de gouvernance qui doit rompre clairement avec le passé.

Ce mode doit garantir une plus grande transparence dans la gestion du secteur aussi bien au niveau du financement des opérateurs qu’au niveau de l’information des acteurs sur la réalité du secteur (coût, subvention, disponibilité des ressources, etc.).

La transparence et la rationalité de gestion, la mobilisation du secteur privé et la protection du consommateur final nécessitent le renforcement de la fonction de régulation du secteur de l’énergie qui doit être totalement indépendante des opérateurs énergétiques.

A cet égard, des réformes structurelles devraient être engagées afin d’instaurer progressivement ce nouveau mode de gouvernance pour le secteur de l’énergie.

Enfin, la coopération énergétique au sein des espaces maghrébin et euro-méditerranéen est très importante pour favoriser l’intégration des réseaux énergétiques au niveau de ces espaces et promouvoir la coopération technologique dans ce domaine.

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